Corse - MAM invente la présomption de culpabilité
Philippe Cohen-Grillet, le mardi 13 mai 2008 à 04:00
A peine arrêtés et loin d’être jugés, les suspects sont désignés comme les « auteurs » d’attentats terroristes.
Sans doute emportée par un certain enthousiasme policier, la « première fliquette de France « a pris quelques libertés avec les principes du Code pénal. Le 2 mai, Michèle Alliot-Marie a ainsi envoyé une lettre à plusieurs leaders de syndicats de police pour se féliciter de l’arrestation des treize activistes Corses.
Dans ce courrier, que France-Soir s’est procuré, la ministre de l’Intérieur rappelle sa détermination à traquer les auteurs d’actes terroristes et des violences « avec armes perpétrées à l’encontre des forces de l’ordre ».
« C’est donc avec satisfaction que je souligne auprès de vous l’importance de l’interpellation, les 21, 23 et 24 avril, de 13 personnes impliquées dans divers attentats en Corse », écrit MAM. Et de poursuivre : « Sont en effet arrêtés les auteurs d’actes qui auraient pu avoir des conséquences dramatiques pour certains de vos collègues, et notamment :… » Suit la liste des tirs de roquette, jets de grenade et autres mitraillages de tradition insulaire.
Problème, les treize « personnes impliquées », présentées comme les « auteurs » de « divers attentats » sont encore et jusqu’à leur éventuelle condamnation, présumées innocentes.
Certes, ils ont été mis en examen et certains seraient passés aux aveux. Mais cela ne préjuge en rien de leur culpabilité. Les politiques rappellent souvent, avec raison, la presse à ses devoirs et au respect de la présomption
d’innocence. Un principe qui vaut même pour les encagoulés Corses. Et même pour les ministres.
Voir l'article Terrorisme - Coup de filet contre de jeunes nationalistes Corses